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Le Cheylard-l'Evêque en Lozère |
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La municipalité de Cheylard-l'Évêque a été créée en 1888 par détachement de Chaudeyrac. Dans une petite vallée encore préservée où l’on peut facilement imaginer comment vivaient les gens de Lozère au siècle dernier, Cheylard l'Évêque offre toute la tranquillité et le charme d'un petit paradis.
La commune de Cheylard-l'Évêque tire son nom d'un terme occitan ancien signifiant "maison forte" ou "ferme sur un promontoire," qui est lié à un mot similaire désignant un redoute ou une petite forteresse. Localement, les habitants l’appellent simplement Le Cheylard. L’ajout du mot "Évêque" vient de l'acquisition du village par Guillaume VI, évêque de Mende, en 1321, lorsqu'il l'acheta au seigneur de Randon. La forêt entourant le village a joué un rôle crucial dans son développement. Au départ, le village a été établi sur un promontoire avant de se déplacer au pied du rocher au XIXe siècle. En 1888, il est devenu une commune distincte après avoir été détaché de Chaudeyrac.
L'hiver est rude à Cheylard, et les petites routes sont souvent bloquées par la neige. Les habitants se soutiennent pendant ces longs mois enneigés pour faire des courses, chercher du pain, récupérer le courrier ou dégager les routes. La grande forêt domaniale de Mercoire fournit tout le bois dont les résidents ont besoin. En septembre-octobre, tout le monde se met à la chasse aux "champignons" : cèpes, champignons de sang, chanterelles, pied de mouton, etc. De nombreux touristes viennent surtout des villes du Gard et de la Haute-Loire. Il y a aussi de la pêche à la truite dans le Langouyrou qui rejoint Langogne. C'est un vrai petit village hors du temps.
Un petit bistro situé sur la place du village est tenu par Josette et Alain. Josette s'occupe du service de manière détendue et amicale ; Alain, un garde forestier à la retraite, s'occupe des fleurs sur la terrasse, du bois et des champignons.
Je m'arrête souvent pour dire bonjour sur le chemin du retour de Langogne. Un accueil toujours sincère et chaleureux ! Alain connaît bien la région et les innombrables sentiers de randonnée dans la forêt de Mercoire ou Moure de la Gardille où l'on peut atteindre les sources de l'Allier et du Chassezac à la ligne de partage des eaux entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique.
Les randonneurs des grandes villes sont transportés à l'époque de Robert Louis Stevenson, qui s'est arrêté au village.
"Je me suis mis en route pour Cheylard-l'Évêque, à la lisière de la forêt de Mercoire. On m'avait dit qu'un homme pouvait faire ce trajet en une heure et demie, et il ne me paraissait pas trop ambitieux d'imaginer qu'un homme chargé d'un âne puisse couvrir la distance en quatre heures. Tout au long de l'ascension vers Langogne, pluie et grêle se succédaient ; des nuages abondants et rapides, certains apportant des rideaux de fortes pluies, d'autres en masses lumineuses, comme pour annoncer la neige, fouettaient du nord et me suivaient sur mon chemin, le vent refroidissait régulièrement mais lentement. Je me suis vite retrouvé hors du bassin cultivé de l'Allier, loin des bœufs de travail et d'autres scènes rurales." Robert Louis Stevenson, Journal de voyage dans les Cévennes.
La forêt de Mercoire est une vaste zone boisée, riche en biodiversité. Ses majestueux arbres, comprenant des chênes, hêtres et sapins, s'étendent sur des kilomètres, créant un paysage enchanteur. L'air est pur, et le chant des oiseaux résonne à travers le sous-bois. Les randonneurs peuvent explorer des sentiers balisés qui serpentent à travers la forêt, leur permettant d'admirer la faune locale – cerfs, sangliers, renards et une variété d'oiseaux migrateurs. C'est un endroit où il est bon de se perdre, d'écouter la nature et de se laisser envelopper par la sérénité environnante.
Près de la forêt se trouve l'Abbaye de Mercoire, un bâtiment historique riche en histoire. Fondée au XIIe siècle, c'était un lieu de prière et de dévotion pour les moines de l'époque. Sa construction en pierre apporte un charme rustique, et son architecture reflète des influences romanes. Bien que l'abbaye ne soit plus habitée par des moines, elle demeure un symbole de spiritualité et de paix.
Au sommet du rocher, une chapelle dédiée à Notre-Dame de toutes les grâces offre une vue panoramique sur le village et la forêt environnante. C'est un petit bijou qui respire l'histoire et la spiritualité. Bien qu'elle ne soit pas aussi célèbre que certaines grandes cathédrales, elle a son propre charme et une atmosphère apaisante qui attire les curieux et les croyants. Construite en 1862, elle a été érigée à une époque où la dévotion catholique était très présente dans la région. L'église paroissiale est également remarquable, car son clocher provient de l'Abbaye de Dames de Mercoire et date du XIIe siècle.
La chapelle a souvent servi de lieu de rassemblement pour les habitants, notamment lors des fêtes religieuses. Son style architectural reflète des influences locales, avec des pierres et des matériaux trouvés à proximité. Si vous vous approchez, vous pouvez admirer les détails qui en font un lieu unique. L'intérieur est souvent simple mais touchant, avec des éléments qui décorent l'autel et les murs. Des œuvres religieuses, telles que des crucifix et des statues de saints, racontent des histoires de foi et de dévotion.
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Terreur en Gévaudan
Juin 1764, près de Langogne, sur les bords de l'Allier, dans ce qui deviendra un jour le département de Lozère. Dans cette terre rude de Gévaudan, une floraison tardive tente d'effacer le givre persistant de l'hiver. Le soleil, enfin généreux, a régénéré l'herbe luxuriante de la prairie commune, non loin du village.
Ce matin-là, une vacheresse mène son modeste troupeau au pâturage. Les vaches la suivent sans trop de difficultés : les chiens aboient — tout va bien. Mais à midi, tandis que la femme consomme son goûter, elle remarque une nervosité soudaine parmi ses chiens : "Encore un renard," pense-t-elle. "Ou peut-être des loups ? Non, les loups n'oseraient pas s'aventurer si près..." Pourtant, les grognements du matin se font de plus en plus forts. Vaguement inquiète, la vacheresse décide de rassembler son troupeau.
À partir de là, tout se passe très vite : la malheureuse femme n'a même pas le temps de voir ses chiens fuir, queue basse : elle se sent agressée, jetée au sol par la force brutale d'un prédateur. Cependant, contre toute attente, ce sont ses vaches qui vont la sauver : croyant peut-être que leurs veaux sont en danger, les bêtes cornues chargent le monstre aux dents pointues, qui, sans vraiment insister, abandonne sa proie et disparaît !
Témoignage précieux : le soir, la vacheresse de Langogne informera personnellement les tout premiers enquêteurs du cas : "La bête qui m'a attaquée ressemble à un grand loup, mais ce n'est pas un loup. Sa tête est plus grande, plus allongée. Elle est rougeâtre et a une bande noire sur toute la longueur de son dos. Elle ne cherchait pas à attaquer le bétail ; c'est moi qu'elle voulait dévorer !" Certains habitants frissonnent à mesure que le portrait particulier de l'attaquant se répand, de maison en maison : quelle sorte d'animal cela pourrait-il être ? "L'agriculteur a dû tomber sur un grand loup, et son imagination a tissé le reste" : telle était l'opinion commune. Néanmoins, ils restent vigilants, et certains commencent à se demander qui, en cas de besoin, pourrait venir en aide aux habitants d'une terre très isolée, très sauvage, parsemée de rochers granitiques et de forêts denses et sombres. Face à la "créature du diable", les habitants n'ont que leur foi et leur courage.
Peu après, à Ubas, des fermiers découvrent le corps de Jeanne Boulet, quatorze ans. Partiellement dévorée... Le curé note dans son registre, comme une prière : "Enterrée sans sacrement, tuée par la bête féroce." Notez qu'il ne parle plus d'un loup... Plus tard, en été, le 8 août, la bête attaque une petite bergère de Masméjan d'Allier. Des bûcherons travaillant sur la colline opposée voient soudain les moutons descendre la pente, paniqués — et tous seuls ; curieux, ils traversent la vallée et découvrent l'impensable : le corps de la pauvre bergère a été horriblement mutilé.
Cette fois, la population est outrée : et la colère double lorsque, deux semaines plus tard, un jeune garçon de quinze ans, également vacher, est déchiqueté près de Cheylard l'Évêque. Maintenant, les langues commencent à se délier : en effet, ces trois victimes ne seraient pas les premières... Il y en a eu d'autres, dès mars et avril. Il est temps d'agir. Mais comment ? En organisant des chasses... En vain.
Le 1er septembre, un garçon de quinze ans est à son tour abattu, près de Chaudeyrac. Quatorze ans, quinze ans... La bête semble préférer la viande tendre. Cependant... Le 6 septembre, elle attaque une femme mature, une agricultrice qui travaillait dans son jardin potager dans le hameau d'Estrets. Elle se jette à sa gorge et la saigne en quelques minutes. Les villageois, alertés par les cris, se précipitent à son secours — mais trop tard. La pauvre femme a succombé... Et cette fois, l'animal s'est approché très près des maisons... Pourrait-il craindre rien ? Après la surprise, puis la colère, c'est maintenant l'anxiété qui saisit la population locale. Les chasses sont doublées, et les autorités sont appelées : cela doit cesser !
Pour calmer les esprits, le représentant du roi dans la province accepte de dépêcher un détachement de cinquante-sept dragoons sur place — pour dire une petite armée. Et cela, pour un seul loup ? La population se demande, soupire, hausse les épaules...
Cependant, ces dizaines de soldats, malgré l'aide de fermiers très motivés, battent et re-battent les bois, explorent les fourrés, ratissent les vallées, mais rien n'y fait. La bête reste introuvable — jusqu'à ce qu'elle fasse à nouveau les gros titres, mais du côté de la Margeride ! En effet, le 20 septembre, un coup du sort : de jeunes bergers, stationnés dans les prairies entre Le Luc et Le Cheylard l'Évêque, voient soudain leurs chiens courir vers la lisière d'un bois et sauter sur un grand prédateur : un impressionnant loup. Les jeunes hommes viennent en aide aux chiens, parvenant même à tuer la bête et à traîner son corps jusqu'au prêtre de Luc. Aucun doute dans leur esprit : ils ont enfin tué la bête.
Fausse joie ! Six jours plus tard, c'est une fille de treize ans qui est sauvagement abattue... Les chasses, les courses, les traques se multiplient, mobilisant de plus en plus de gens — toujours en vain ! Chaque semaine apportera désormais son lot de corps mutilés — principalement ceux de jeunes filles et d'adolescentes — parfois des troncs sans têtes, entrailles ouvertes, et membres éparpillés. Les rapports s'accumulent au bureau de l'intendant de la province, visiblement débordé par un tel carnage. Autour de lui, les gens se demandent : et si ce n'était pas un loup ? Après tout, cela pourrait être un ours... Ou un grand lynx...
Pour Noël 1764, l'évêque de Mende lui-même monte dans le pulpit et admoneste ses fidèles : selon lui, la bête incarne le bras vengeur de Dieu, qui cherche à combattre les excès d'une population qui a trop longtemps sombré dans le péché... Le prélat appelle à la pénitence générale et à un renouveau des prières. La bête, dans ses paroles, est devenue l'ange exterminateur, le fléau de Dieu dont les agressions fascinent une société de plus en plus peuplée, désormais encline à toutes sortes de fantasmes. Pendant deux mois, le saint sacrement a régné sur les autels des églises, pour protéger les paroisses... Mais Dieu reste sourd aux supplications de tous ces paysans qui semblent abandonnés à leur sort. Ils s'organisent, s'équipent de lances, de faucilles, marchent ensemble, et les bergers, quand ils le peuvent, tentent de se regrouper.
Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane, GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, GRP® Cévenol, Montagne Ardéchoise, Margeride. De nombreux itinéraires en boucle pour des randonnées et des sorties à vélo d'une journée. Idéal pour un séjour de détente et de randonnée.
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